Micro libre ou discours imposé?
Micro libre ou discours imposé?
Dans un monde où les prises de parole se multiplient, où les micros sont omniprésents, une question persiste : qui parle vraiment ? Et surtout, qui décide de ce qui peut être dit ?
Le micro est un symbole de liberté. Il devrait être tendu à toutes les voix, y compris — et surtout — à celles qu’on n’entend pas. Mais trop souvent, il ne sert qu’à amplifier les discours convenus, les figures installées, les opinions dominantes. Le micro est alors là, mais il ne libère rien : il valide, il encadre, il sélectionne.
Dans de nombreux médias, le débat est balisé à l’avance. Les invités sont choisis pour ne pas trop heurter. Les questions sont écrites pour éviter le vrai trouble. On parle d’équilibre, de neutralité, mais ce sont des codes pour désigner un cadre : le discours imposé. Tout ce qui sort de la ligne est disqualifié, moqué ou censuré.
Un micro libre, ce n’est pas le chaos. C’est le choix de l’ouverture. C’est accepter la contradiction, la complexité, le hors-champ. C’est écouter ce qui dérange, ce qui ne se vend pas, ce qui trouble.
Un discours imposé, au contraire, c’est une mise en scène du débat. Ce n’est pas informer, c’est distraire. Ce n’est pas libérer la parole, c’est la formater.
Le vrai journalisme n’impose pas un discours.
Il tend le micro sans conditions.
Il ne parle pas à la place des autres : il les laisse parler.
Et dans cette liberté-là, réside la seule parole qui mérite d’être entendue.
« Un journaliste, c’est quelqu’un qui vous explique ce qu’il ne comprend pas à des gens qui n’ont rien demandé. » — Jean Yanne
« Le journalisme, c’est faire du bruit avec du silence. » — Karl Kraus
« Un bon journaliste sait poser les bonnes questions. Un très bon sait éviter d’y répondre. » — Anonyme
« Si tu veux cacher quelque chose, mets-le dans un journal, personne ne lira jusqu’à la fin. » — Anonyme